Constatant que l’airsoft n’est pas un sport, discipline sans risques pour l’intégrité de votre divin corps et étant étudiant en sciences de la santé et secouriste professionnel à la Croix-Rouge de Belgique, je ne peux pas m’empêcher de rédiger un « petit » article de recommandations sur que faire, quoi faire, qui appeler, bref , des consignes générales en cas d’incident pour éviter de faire n’importe quoi… Bon, à l’issue de cet article (long mais complet), vous ne serez certes pas médecins, mais vous aurez cependant quelques notions des secours à apporter… Plaies, brûlures, chutes (et traumatismes), « bleus » (liés aux billes par-exemple), malaises,… A noter que plus tard, un reportage vidéo à ce sujet sera réalisé. Aussi, tout cela est donné à titre indicatif et ne remplacera jamais la précision d’un cours de secourisme, le contenu ici étant adapté à la pratique de l’airsoft ; c’est un condesé de conseils « grand public ». Je ne conseillerai ici que peu de médicaments car on est dans du secourisme et car on doit se méfier des allergies et réactions médicamenteuses.
Consignes générales de tenue face à un incident quelconque
La première chose à retenir… Garder son calme et veiller à sa propre sécurité avant d’intervenir sur quelqu’un! Ca, c’est la base car un intervenant mort de stress ne fera qu’empirer les choses et évidemment, un intervenant qui se blesse lui-même ne sera pas efficace, met sa vie en danger et évidemment alourdit le bilan de l’incident. Ensuite, il ne faut pas hésiter à appeler à l’aide, tel notre devise « L’Union fait la force », plus vous serez nombreux (dans une certaine mesure car il ne faut pas non plus se marcher sur les pieds, deux ou trois intervenants maximum) plus vous pourrez répondre correctement à l’incident. Appeler à l’aide, évidemment et aussi, si l’on se blesse et qu’on est tout seul, soit en criant, soit par radio si vous en avez-une. Retenez que le jeu s’arrête à partir du moment où vous êtes blessé, on n’est pas à la guerre ici : si vous vous blessez, vous ne jouez plus et les personnes qui vous aideront sont aussi hors jeu (en le montrant clairement selon les règles du jeu) ! A une autre échelle, si l’incident est plus grave et qu’il faut une aide extérieure (ambulances, pompiers, police, protection civile, sûreté nucléaire (ne sait-on jamais :D), …), un seul numéro de téléphone, partout dans l’UE : le 112. Appelable par n’importe quel téléphone pour peu qu’il soit en fonction (pas besoin de carte SIM ou de crédit pour l’appeler)… De manière générale, voici comment intervenir :
Donc en gros, quand vous apercevez un camarade blessé, approchez-le en vous assurant votre sécurité, regardez vite ce qui lui arrive afin d’appeler adéquatement vos amis ou bien le 112 et ensuite regardez plus précisément ce qui lui arrive. Ensuite, prenez soin de votre victime en lui faisant les premiers soins adéquats. Faites uniquement des soins basiques (pas jouer au chirurgien ! ), que vous êtes sûrs de maîtriser et qui se justifient . Les soins décrits plus loin sont des exemples de soins à votre portée. Et ce n’est pas parce que vous avez vu dans un film que vous savez ou pensez que c’est utile… Par exemple, on ne met jamais un garrot sur quelqu’un qui saigne abondamment car c’est un geste professionnel. Ensuite, viendront les secours s’ils ont été appelés, qui prendront correctement en charge la victime. Dernière chose, quand vous appelez le 112, soyez courts, clairs et précis car cela leur fera gagner un temps précieux ! Et règles d’hygiène obligent, mettez des gants si possible avant d’intervenir sur une blessure qui saigne ou une brûlure ! C’est pour vous protéger vous et la victime.
Que faire en cas de plaie ?
Il existe deux types de plaies : les plaies simples et les plaies graves… On ne va pas s’étendre sur les critères sinon on n’est pas prêt de finir l’article. Maintenant, selon que c’est une plaie grave ou simple, on ne soignera pas de la même manière. Mais en gros, comment procéder ?
1) Avec une compresse stérile ou à défaut, un linge propre, nettoyer premièrement la plaie avec du sérum physiologique (ou à défaut de l’eau propre) la plaie de manière à éliminer boue, poussières et autres saletés. Aspergez doucement la plaie, frottez doucement de l’intérieur vers l’extérieur de la plaie afin de déplacer les saletés vers l’extérieur de la blessure.
2) Avec une compresse stérile, appliquer un antiseptique comme de l’ « Hibidil » ou encore la Chlorhexidine (disponibles en flapules) de manière à désinfecter la plaie. Notez que cette étape n’est pas obligatoire avec toutes les plaies, la priorité étant la propreté. Evidemment, désinfecter est toujours mieux afin d’éviter les infections mais souvent pour les petites plaies, un nettoyage soigneux suffit. Attention aux allergies avec les désinfectants (comme l’isobetadine) et à la coloration par certains de ces derniers pouvant induire en erreur plus tard…
3) Recouvrir proprement la plaie avec un pansement propre et stérile. A nouveau, certaines plaies comme des petites éraflures se porteront mieux à l’air libre. Si les plaies ne se cicatrisent pas rapidement, sont suintantes, plus profondes, il est préférable de les recouvrir et de les nettoyer et désinfecter régulièrement…
4) Surveiller l’évolution de la plaie. Si la plaie est douloureuse, entourée de rouge et/ou battante, il faut consulter un médecin.
Attention, s’il y a un corps étranger (comme un bout de verre) dans la plaie, ne jamais le retirer et bien protéger la plaie, stabiliser le corps pour ne pas qu’il bouge et abime l’intérieur de la plaie (à l’aide de rouleau de bande velpeau par-exemple).
Que faire en cas de brûlure ?
Alors ici, juste un nombre : 20 ! 20 pour 20 minutes, 20° et 20 cm… Explications ! On ne se brûle pas qu’avec une source de chaleur : on peut se brûler par des frottements , par produits chimiques, par le froid, … Car en fait, une brûlure correspond à la destruction partielle, voire complète, d’un tissu comme la peau. Elle est qualifiable en 3 degrés : Le premier, simple dégradation de l’épiderme, donnant une rougeur; le second, correspond à une lésion plus profonde et donnant rougeurs, et bien souvent une cloque (phlyctène); le troisième correspond à une destruction complète du tissu de la peau, montrant diverses lésions graves voire carbonisation. Ici on va se pencher sur la brûlure suite à une source de chaleur, vous comprendrez le 20.
Une personne se brûle à la chaleur et vient à vous…
1) Rassurez la personne et éloignez-vous, éteignez la source de chaleur.
2) Faites-lui un « cooling » : Refroidir sous l’eau pendant 20 minutes sa brûlure, à 20° (température tiède) et à 20 cm en dessous de la source du jet (il ne s’agit pas de pulvériser la brûlure). Attention à ne pas faire tomber le jet directement sur la brûlure mais à le faire un peu tomber au dessus de la brûlure pour que l’eau coule doucement sur cette brûlure.
3) Pendant cela, recouvrir votre victime pour ne pas qu’elle prenne froid. Si la brûlure est étendue, la peau est noircie (troisième degré de brûlure) ou encore est située entre les doigts ou autre zone sensible, appeler le 112 (peu importe son degré).
4) Une fois le cooling terminé : recouvrir proprement et stérilement la brûlure. Si celle-ci continue à être douloureuse, mouiller le pansement peut aider. Il faut impérativement mouiller le pansement en cas de brûlure grave qui nécessitera les secours et une visite à l’hôpital.
Que faire en cas d’hémorragie importante ?
A l’image des puits de pétrole au Texas ou encore du Koweït pour lesquels de nombreuses personnes se sont battues, une hémorragie est la perte plus ou moins importante de sang. Elle sera importante lorsque ça saigne, mais vraiment saigner, pas juste une ou deux gouttes liées à une plaie. Disons qu’il faut que ça coule. Soit le sang coule de manière continue, ça sort comme ça sort, ca sera alors soit un grand nombre de petits capillaires lésés (si ça coule pas trop) ou bien si ça coule bien plus, une veine sectionnée. Soit, ça sort en jet suivant un rythme: la fréquence cardiaque, là, c’est très probablement une artère qui a été lésée. Dans tous ces cas (mais surtout pour un saignement artériel où il faut faire vite), une chose à faire : Comprimer là où ça saigne ! Eh oui, pas grand chose d’autre possible, quand ça coule, faut colmater la fuite ! Donc, si une personne pour une raison ou une autre se met à saigner, très abondamment, prenez n’importe quel tissu propre et comprimez à fond l’endroit où ça saigne et ne retirez surtout pas le tissu « pour voir si ça saigne encore ». Et si le tissu est imbibé de sang ne le retirez pas non plus, mettez un autre dessus et ainsi de suite, en plus ça améliorera la compression. Ah et pensez aussi à la sécurité, éloignez-vous de la source de la blessure. (ou éloignez l’objet, tel un couteau). Aussi, allongez sur le sol votre victime pour éviter qu’elle ne chute en cas de malaise et surélevez le point de saignement (principe de pression). Si le saignement est important, n’hésitez pas appeler les secours ! Faites le d’office si votre camarade se sent mal ! Car il suffit de perdre 1,5 litres (voire bien moins) de sang pour avoir de très sérieux problèmes… Ne perdez pas de temps. Aussi, sachez qu’il existe des points de compression, à utiliser de manière éclairée, qui peut facilement augmenter les résultats de l’intervention. Et pour les saignements de nez (qui est une hémorragie extériorisée) ? Comprimer la base de la narine qui saigne et faire asseoir la personne en lui conseillant de pencher la tête légèrement vers l’avant. Comprimer jusqu’à l’arrêt du saignement, ne rien mettre dans la narine. Mettre du froid à la base de la narine concernée voire dans la nuque peut favoriser l’arrêt du saignement. Si le saignement de nez est conséquent à un traumatisme, il est très vivement conseillé de consulter un médecin.
Que faire en cas de coups, « billes douloureuses » bref, ci qui pourrait donner un «bleu » ?
Bon, ici c’est pour les petites blessures de guerres liées à la maladroitesse de vous, d’un de vos coéquipiers ou bien du non respect d’une règle. Pour être au point, un « bleu » (ou encore hématome, ecchymose), c’est un épanchement (déversement) de sang dans le tissu à l’extérieur d’un vaisseau supposé le contenir… Bref, c’est une mini hémorragie interne localisée sous ou dans la peau 😛 Imaginez le coup sur la pomme qui vient de tomber de la table. Beh oui, quand vous écrasez fort (faites une pression importante) une zone (exemple : bille qui tape sur la peau, pincement, chute (qui entraîne un écrasement), coup de poing, …), vous comprimez très fort les petits vaisseaux sanguins, ce qui va entraîner l’éclatement de certains d’eux. Les connaisseurs de la santé comprendront directement ce qu’il y a de mieux à faire :
Mettre du froid (20 minutes suffiront) (et évidemment ne pas réappuyer dessus car ça, ça fait mal :D) ! Beh oui, mettre du froid entraînera la vasoconstriction (les vaisseaux se resserrent) ce qui diminuera la quantité de sang à s’enfuir et permettra aussi l’arrêt de cette « fuite » plus rapidement. Et pour introduire au paragraphe suivant, le froid, ça diminue aussi la douleur et l’inflammation. Aussi la pommade « Hirudoid » et « Kamillosan » ou encore « Arnican » ne sont pas mals pour soulager et prévenir les « bleus » en formation. Au mieux sera traité (par le froid) un « bleu », au moins il sera étendu et au plus vite il guérira.
Que faire en cas de traumatisme plus sérieux ?
Bon, ici, ce ne sont pas de simples « bleus » mais bien des foulures/entorses (lésions d’un ligament ou tendon), luxations (un os se retrouve là où il ne devrait pas, en dehors de sa cavité articulaire par exemple) ou encore fracture (l’os se casse), bref, des dégâts de l’appareil locomoteur qui font bien mal. On connaît bien le cas de la chute de l’arbre, la trébuche sur la racine ou encore le trou caché dans le sol qui nous tord bien le pied quand on ne fait pas attention. La prise en charge de ce genre de blessures est spécifique à chaque traumatismes. Mais de manière générale, il faut également mettre du froid sur l’endroit de la lésion afin de diminuer l’inflammation, la douleur liée à la blessure (en général, ce genre de blessure entraînera une hématome responsable en partie de la douleur). Mettre du froid, et aider aussi la victime à trouver sa position antalgique, c’est à dire, la position qui lui fera le moins mal. En cas de fracture, ne pas jouer au chirurgien : laissez comme c’est et faites en sorte que la victime soit la mieux installée, de manière à ce qu’elle ne bouge le moins possible son membre abimé. S’il s’agit d’une chute importante par-exemple, et que la victime est inconsciente ou se plaint de douleurs au dos ou/et à la tête, ne surtout pas la faire bouger (surtout la tête) ! Appelez immédiatement les secours. Il existe une technique de maintient de tête qui ne sera pas expliquée ici (voir vidéo). Pour les foulures, membres « tordus », le froid fera vraiment du bien et vous pouvez aussi appliquer certaines crèmes anti -inflammatoires.
Que faire en cas de malaise ?
Un « malaise », c’est le terme générique utilisé par le grand public pour désigner une personne qui ne se sent pas bien, qui perd connaissance ou encore qui ne supporte plus sa condition. Par exemple, une personne qui a mal de tête à cause du soleil : c’est un malaise ; une personne qui s’évanouit : c’est un malaise ; une personne qui se retrouve à moitié paralysée ou qui balbiote (AVC) : c’est un malaise… Bref, c’est très vague. Ceci dit, la conduite à tenir « grand public » est plus ou moins la même selon deux catégories :
- Personne consciente : Faites en sorte qu’elle se sente mieux, mettez la loin de ce qui la rend mal, mettez là où elle se sent à l’aise, questionnez là et mettez là au repos. En cas de difficultés respiratoires, faites la asseoir, en lui faisant prendre appui sur ses cuisses par les membres supérieurs. Appelez les secours au moindre doute ou allez voir un médecin.
- Personne inconsciente (qui ne répond plus) : Ca devient trop technique pour une introduction car un bilan plus avancé est requis. Car il faut distinguer les personnes inconscientes qui respirent et les personnes inconscientes qui ne respirent pas (en arrêt cardio respiratoire), les crises d’épilepsies et convulsions,… Mais de manière générale, vous allongerez correctement la victime et vous surélèverez ses jambes (position de Trendelenburg), dans 95% des cas, la personne reviendra à elle dans la minute. Sinon, il existe une position dite latérale de sécurité : je vous invite à voir la vidéo ; pour les personnes inconscientes mais qui respirent. Pour les arrêts cardio respiratoires (personne inconsciente qui ne respire pas ou plus), il existe le fameux massage cardiaque (Réanimation cardio pulmonaire) et la défibrillation automatique à réaliser correctement. C’est pour cela que seules les personnes formées peuvent le pratiquer correctement (mais l’utilisation du défibrillateur automatique est relativement simple) . Si vous voulez en savoir plus sur ce très important sujet, n’hésitez pas à suivre des cours de secourisme ou bien, si il y a demande, un autre article à ce sujet pourrait sortir (car ici, il s’agit juste de vous évoquer cela). Sachez que les problèmes de personnes inconscientes est un des plus «complexes » et importants sujets du secourisme. Il constitue le B-ABA des cours. Une vidéo des Cliniques universitaires Saint-Luc (où j’étudie et travaille à mes heures utiles) résume bien la conduite idéale à tenir en cas de personne inconsciente qui ne respire pas et de manière générale, l’approche tout court d’une personne inconsciente. Mais ce qui est certain, c’est que si votre ne victime ne revient pas rapidement à elle malgré la position des jambes surélevées, appelez immédiatement les secours ! Car chaque minute dans certain cas, vaut de l’or. Donc à ce stade, retenez les jambes surélevées et l’appel des secours, évidemment. En cas de crise de convulsions, dégagez l’espace autour (éloignez de l’eau la victime, sinon, risque de noyade!) et laissez-la faire sa crise et reprendre par après. Il est très vivement recommandé de la mettre en position latérale de sécurité après un bilan.
Conclusion
Ca en est tout pour ce premier article de prévention qui sort un peu du sujet des autres articles… 😉 Retenez que l’airsoft est avant tout une passion et un jeu : ne négligez pas votre santé en cours de jeu. Si vous vous blessez ou croisez un blessé : prenez en charge l’incident (bon pas non plus une petite griffette évidemment). Avoir ce réflexe permet bien souvent d’éviter d’empirer une situation et de garder un contrôle sur les problèmes. Comme promis, une vidéo sera publiée montrant en image tout ce que je vous ai dit et avec un petit plus ! 😛 Ce qui a été expliqué ici n’est pas toujours exactement la méthode théorique, disons que je l’ai adapté à la pratique de l’airsoft et que j’ai fait en sorte que ça ne soit pas trop long. Et enfin, et surtout, si vous voulez en savoir plus sur tout cela, n’hésitez pas à poser vos questions à p.callot@a-f-i.be et à suivre, pourquoi pas, des cours de premiers secours (BEPS) voire après, des cours de secourisme, afin de pouvoir être plus compétent sur le terrain, vous serez d’une utilité indiscutable. Vous ne vous rendrez pas compte à quel point cela peut aider ! Car malheureusement, ici, on doit s’en tenir qu’à des choses très basiques (le sujet étant hyper vaste) car il est impossible de dire plus en un article d’introduction. Avoir des cours vous permettrait d’exactement savoir ce qu’il est possible de faire en secourisme. Mais bon, le plus important, c’est que vous ayez maintenant de bonnes notions pour savoir vers quoi s’orienter en cas de bobos ! Et évidemment, faire tout cela consciencieusement et ne surtout pas faire ce que vous ne savez pas faire ou ne pouvez pas faire. Pour cela il faut souvent du matériel, mais beaucoup de soins de première nécessité sont possibles avec les « moyens du bord ». Maintenant, avoir une trousse de secours appropriée est évidemment bien meilleur : à suivre !
Annexes :
http://www.croix-rouge.be/me-former/particuliers/brevet-europeen-de-premier-secours-beps/ : Formations BEPS organisées par la Croix-Rouge de Belgique.
A paraître sur le même sujet :
- Vidéo : Techniques de premiers soins liés à l’airsoft
- La trousse de secours et accessoires de l’airsofteur